Dubaï entre dans la course à la vente de la maison la plus chère du monde
L'obsession de Dubaï pour les records est bien connue. La ville abrite l'immeuble le plus haut du monde, les montagnes russes les plus rapides, la piscine la plus haute et a même payé Beyoncé 22 millions d'euros pour 84 minutes de spectacle.
Aujourd'hui, elle est sur le point de ravir à des villes comme New York et Hong Kong le record de la maison la plus chère jamais vendue dans le monde. L'essor du marché immobilier dans la ville des gratte-ciel du golfe Persique indique qu'elle pourrait y parvenir plus tôt que prévu.
Le segment du luxe bénéficie de l'afflux d'investisseurs grâce à des conditions économiques favorables et à la facilité d'obtention d'un visa. Principalement des millionnaires russes qui cherchent à protéger leur patrimoine, les nouvelles fortunes des crypto-monnaies, les riches de Chine et d'Inde, et les citoyens des Émirats arabes unis et d'Arabie saoudite. Mais aussi de plus en plus de français bien avisés de l’intérêt du marché immobilier de Dubai.
L'objet du désir des acheteurs sont les villas tranquilles en bord de mer sur des îles artificielles comme Jumeirah Bay Island, déjà connue comme l'« île des milliardaires », où le footballeur Cristiano Ronaldo vit avec sa famille.
Ou encore les appartements exclusifs vendus sur plan dans les gratte-ciel futuristes en cours de construction à Business Bay, le principal centre d'affaires de la ville, ou dans le quartier plus traditionnel d'Umm Suqeim 3, à l'ombre du célèbre hôtel Burj Al Arab, doté d'un héliport sur le toit.
Cet intérêt a permis à Dubaï de consolider l'année dernière son statut de marché de l'immobilier de luxe le plus actif au monde, avec un investissement total de 1,449 milliard d'euros au troisième trimestre, selon les chiffres de la société de conseil immobilier Knight Frank. Elle devance ainsi ses deux principaux concurrents.
Les prix des maisons les plus exclusives ont augmenté de 14 %, contre 2,4 % au niveau mondial. « L'extraordinaire série de hausses de prix signifie que les prix ont augmenté pendant neuf trimestres consécutifs », explique Faisal Durrani, responsable de la recherche sur le Moyen-Orient chez Knight Frank.
Alors que les principales économies occidentales sont tirées vers le bas par la hausse de l'inflation, les taux d'intérêt et l'incertitude économique, cela a pesé sur le marché du luxe. Dubaï semble avoir surmonté cette période d'instabilité avec de fortes hausses et baisses du marché de l'immobilier.
La tendance vient de se concrétiser avec l'entrée, pour la première fois, de trois propriétés dans la liste des maisons les plus chères à vendre dans le monde en 2024, selon le classement actualisé de Robb Report.
Deux penthouses uniques, d'un prix de 187,40 millions d'euros chacun et situés au sommet de deux gratte-ciel encore à construire dans Business Bay, se sont glissés aux quatrième et cinquième rangs.
Le premier a été surnommé « le manoir penthouse dans le ciel » et couronnera le bâtiment curviligne de 48 étages planifié par le constructeur automobile français Bugatti en collaboration avec l'entreprise de construction locale Binghatti lorsqu'il sera achevé en 2025. Elle a une superficie de 13 476 mètres carrés, quatre chambres à coucher, une grande piscine et un ascenseur qui permet à la voiture du propriétaire de monter jusqu'au salon.
Le second est situé au sommet de la tour de 100 étages construite par la société new-yorkaise d'horlogerie et de joaillerie Jacob & Co, également avec Binghatti, en face de la Burj Khalifa, l'immeuble le plus haut du monde. Il s'agit d'un duplex comprenant une salle de sport, un sauna, trois salons, deux cuisines, deux salles à manger, une salle de cinéma et une immense chambre principale de près de 500 mètres carrés.
En sixième position, on trouve la demeure surnommée « le palais de marbre », pour ses près de 25 millions d'euros de marbre rapportés d'Italie et les 700 000 feuilles d'or qui la décorent, pour un prix de 186,48 millions d'euros. Il est situé dans les Emirates Hills et compte cinq chambres, 19 salles de bains et un grand jardin à la végétation exotique.
Pour l'instant, aucune de ces trois propriétés ne bat le record établi par les 217,56 millions d'euros payés en 2019 par le milliardaire Ken Griffin, fondateur du fonds spéculatif Citadel, pour son triplex dans la tour Central Park South à Manhattan. Mais aucune des maisons de luxe mises en vente ailleurs dans le monde depuis lors ne l'a été non plus.
En 2022, la vente aux enchères de la Villa Aurora, demeure de la Renaissance romaine ornée d'une peinture murale de Caravage, qui a rapporté 353 millions d'euros, a été adjugée trois fois. La même année, la méga-maison de Los Angeles, connue sous le nom de « The One », qui devait être vendue pour 457 millions d'euros, a été vendue pour 129 millions d'euros. Même le penthouse de 365 millions d'euros mis en vente en 2016 dans la Tour Odéon de Monaco n'a pas trouvé preneur.
Dubaï est la seule ville à avoir battu ses propres records immobiliers en 2023. Il y en a eu trois au total. En février dernier, le penthouse de la future tour construite par la marque de joaillerie italienne Bulgari à Jumeirah Bay pour 102,04 millions d'euros a donné le coup d'envoi.
Trois mois plus tard, ce record a été revisité par un autre appartement qui n'existe pas encore dans l'immeuble qui simule la forme d'un yacht appelé Jumeirah Marsa Al Arab pour 104,53 millions d'euros. La scène immobilière florissante de Dubaï offre une plateforme exceptionnelle pour des réalisations remarquables dans le secteur du luxe.
Le record a été de courte durée. En novembre, un acheteur anonyme a établi le dernier record de 124,15 millions d'euros pour le penthouse de l'immeuble résidentiel Como Residences à Palm Jumeirah. Cet appartement de près de 7 000 mètres carrés, entouré d'une piscine à 360 degrés unique au monde, devrait ouvrir ses portes en 2027.
Cette vente marque un moment historique dans le paysage immobilier de Dubaï, consolidant définitivement la ville comme un symbole durable d'opulence pour les générations à venir.
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